Confiné à la maison, j’en ai profité pour participer à mon premier hackathon et réfléchir à un service utile pendant et après la crise du coronavirus. J’ai envie de partager avec vous cette expérience inédite pour moi tant sur le fond que sur la forme.
Un hackathon, c’est quoi ?
Bien connu dans le monde des start-up et de la tech, un hackathon est un évènement où les participants réunis par équipes imaginent une solution innovante (un produit, un logiciel, un service) à un problème proposé pendant un temps donné, généralement sur 48 ou 72h.
A l’issue du temps imparti, chaque équipe vient présenter sa solution sous la forme d’un pitch, une présentation très courte (moins de 5 min) et très rythmée. Le meilleur projet remporte le concours.
Un hackathon franco-allemand contre la crise
Maintenant que l’on sait ce qu’est un hackathon, comment ai-je bien pu me retrouver dans un évènement comme ça en pleine crise du covid-19 ?
Dès le début du confinement, j’ai observé à quel point il était difficile pour les consommateurs de trouver où faire des courses alimentaires. C’était vrai à Strasbourg mais aussi dans toute l’Alsace et dans toute la France. J’ai également remarqué à quel point les commerçants et producteurs locaux étaient absents du web ou déconnectés des attentes des clients. J’ai eu envie d’apporter une solution pour recréer du lien local entre producteurs et consommateurs. L’idée d’eStork était née et je vous en parlais dans cet article.
Jean-Christophe Gay, l’un des dirigeants d’Alsace Digitale, m’a invité à porter cette idée au Hackathon At Home franco-allemand que l’association co-organisait avec son homologue allemande StartUp Connect Ortenau. Me voici lancé dans mon premier hackathon depuis chez moi.
Un hackathon en ligne, ça change quoi ?
Le temps s’allonge
En temps normal, on enferme tous les participants d’un hackathon dans une salle pendant 2 ou 3 jours et ils n’en sortent qu’une fois qu’il y a de la fumée blanche. Le sujet de la crise et le confinement ont complètement changé la notion du temps. Le Hackathon at Home s’est déroulé pendant presque 2 mois avec une date de fin flottante. Ce n’est donc pas un sprint mais une course de fond avec tous les impératifs personnels des participants entre travail et vie de famille.
Nous devions en principe passer 4h par semaine sur le projet. Concrètement, on a passé beaucoup plus de temps. Déjà à former l’équipe à distance, à se connaître à distance, à travailler ensemble, souvent en décalé.
Nous avions aussi des points de passage chaque semaine, le mercredi soir. Pas évident de trouver un moment qui convient à tout le monde quand il faut jongler avec la vie de famille. Enfin, un hackathon, ce sont des moments inspirants ou amusants. Les organisateurs ont ainsi organisé des fiesta en ligne avec DJ et des conférences d’experts.
L’équipe
Un hackathon, c’est un travail d’équipe. Il faut réussir à la constituer, à convaincre d’autres participants de rejoindre le projet. Dès le début, j’ai présenté eStork sur la plate-forme mise en place par les organisateurs, en l’occurrence ici sur Sparkboard. J’ai indiqué les ressources nécessaires pour avancer dans le projet et assez rapidement des personnes que je ne connaissais pas étaient intéressées pour travailler sur eStork avec moi.
Je ne sais pas en conditions normales d’un hackathon, mais la difficulté que j’ai rencontré était de réussir à gérer à distance une équipe que je ne connaissais pas avant. Il peut y avoir des incompréhensions qu’il est difficile de cerner et donc de résoudre. Les temps de réponse s’allongent aussi et la dynamique d’équipe est sans doute très différente.
J’imagine aussi que lors d’un hackathon classique, les équipes sont formées au début et ne bougent pas. Ici, les règles étaient plus ouvertes et l’équipe s’est complétée en cours de route. Frederik est ainsi venu renforcer eStork aux côtés de Jean-Christophe et de Timothé.
Enfin, participer à un hackathon, c’est une magnifique occasion de développer ses compétences. On apprend de nouvelles techniques, de nouveaux outils, de nouvelles approches. Les équipes sont coachées par des mentors qui apportent leur regard critique et leur expérience à une équipe qui est la tête dans le guidon. Pour le coup, j’ai eu la chance d’être accompagné par mon amie Virginie Athias, déléguée générale d’Alsace Business Angels, et de faire la connaissance de Florence Rémy qui nous a aidé à travailler sur la proposition de valeur.
Les outils à distance
Travailler à distance nécessite des outils. En temps normal, on réunit son équipe pour avancer sur un sujet ou les participants pour faire les annonces. Là, on a jonglé avec facilité entre les outils de visio-conférence Google Meet et Jitsi.
Pour la gestion du projet, les échanges au quotidien dans l’équipe ou avec l’organisation, nous avons utilisé Atolia, la plateforme collaborative éditée par une start-up strasbourgeoise partenaire aussi de l’évènement. Quand on a l’habitude de Slack, c’est un peu déroutant au départ puis on prend ses marques. J’ai apprécié les fonctionnalités de gestion de projet pour se faire rapidement un kanban et partage de documents depuis Google Drive en synchronisation automatique avec le lien.
Pour notre projet, nous avons construit les maquettes via Photoshop, monté le site de présentation sur WordPress, testé Prestashop et réalisé des enquêtes via Google Forms. Grâce à Jean-Christophe, j’ai surtout eu l’occasion de mettre les mains dans Adobe XD pour que l’on travaille de façon collaborative sur nos prototypes pour le POC (la preuve de concept). Une sacrée découverte pour moi qui va révolutionner ma façon de travailler sur des projets web.
La soirée finale est le feu d’artifice des outils à distance. Préparation des pitchs sur Google Meet, Live Facebook multicasté à partir de Google Meets pour les pitcheurs et régie avec les interventions via WhatsApp. Sacrée organisation agile et surtout efficace !
La dimension franco-allemande
La soirée de clôture a particulièrement bien illustré le caractère particulier de ce Hackathon at Home. Participants comme organisateurs venaient des deux côtés du Rhin. Cela s’entendait dans les accents lorsque l’on échangeait en anglais, cela se ressentait dans les méthodes de travail.
J’ai particulièrement apprécié ce regard transfrontalier sur les projets avec beaucoup de bienveillance et de solidarité entre les équipes malgré la distance. J’imagine que dans un hackathon classique, on tisse plus de liens entre participants avec une bonne bière à la main. Ce sera pour la prochaine fois !
Bilan du Hackathon at Home
eStork n’a pas gagné. Très franchement, ce n’est pas le plus important pour moi. Nous avons tenu la distance, nous avons fait émerger un projet intéressant qui, je l’espère, ira bien au delà du hackathon. Il lui aura en tout cas donné une belle visibilité.
Le rythme est contraignant, fatiguant mais on avance, bien accompagnés par les mentors et l’organisation. Un Hackathon, ce sont enfin des rencontres. On monte un projet avec des gens qu’on ne connaissait pas avant.
Bref, une belle expérience que j’aimerais franchement retenter en franco-allemand mais dans un format classique. Bravo en tout cas à Alsace Digitale et StartUp Connect.
Et pour eStork ? La petite cigogne semble bien vouloir prendre son envol… A suivre !
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