Les audiences ne cessent d’augmenter et tout le monde se jette à l’eau. La radio, évidemment, y voit son avenir. France Culture et France Inter proposent chacune, en plus de leurs émissions habituelles toutes disponibles en podcast, près d’une quarantaine de rubriques « natives » (cf Les Affaires Sensibles, qu’on adore). Le secteur du podcast est en ébullition. Encore un coup de la convergence numérique.

Le podcast est à la radio ce que Netflix est à la TV : on ne regarde plus à un instant T, mais on consomme à présent de façon délinéarisée. Le spectateur décide de son programme et du moment de son visionnage. Il ne répond plus au dictat des chaînes. La vidéo est concernée depuis un moment. C’est au tour de l’audio de s’adapter face aux nouveaux usages. Une écoute à la demande.

Près d’un Français sur 10 est adepte des «podcasts natifs»

Le Figaro avec AFP

Un média à part entière

Certes, le podcast n’est pas nouveau en France. Arte Radio a été pionnière en France il y a 15 ans. Mais face au succès phénoménal du Daily du New York Times lancé en janvier 2017 (avec 2 millions de téléchargements chaque jour, c’est le premier podcast aux États-Unis), les médias du monde entier, nationaux et locaux tentent l’expérience en ne proposant plus uniquement des émissions en réécoute mais en produisant de véritables podcasts natifs, avec leurs codes d’écriture, leurs usages, leurs publics.

Quand la presse écrite s’écoute

Si, en 2018, Xavier Eutrope constatait, dans la Revue des médias de l’INA, que très peu de médias écrits produisaient des podcasts, les choses ont depuis bien changé. Dernièrement, Les Échos, Le Parisien, Le Monde et bien sûr Télérama se sont lancés dans l’aventure.

Quelques exemples de podcasts dans la presse écrite nationale :

Trois bonnes raisons d’y aller

1. Un moyen de toucher un nouveau public, plus jeune. En France, les podcasts natifs sont désormais connus par près de 40 % des internautes de 15 ans et plus. Ils le sont encore davantage chez les jeunes, à 63% pour les 15-24 ans.

Selon une étude Comscore, la recherche vocale devrait représenter 50 % des recherches sur Google en 2020.

2. Tisser un lien particulier entre l’animateur et son audience

When you’re tranforming a story, and making it human, and generating all the intimacy of sound and letting someone really hear a journalist grappling with a story, you have a different relationship with that journalist, your bond with them changes, your understanding of their mind changes.

Michael Barbaro, animateur du podcast d’informations du New York Times, The Daily

Aucune feuille de papier ou aucun écran ne sépare l’émetteur du message et le récepteur. On se souvient d’une voix, d’une intimité, d’une complicité. Pour l’animateur, c’est oser le « je » (un exercice pas forcément évident quand notre formation nous apprend à l’oublier). Il ne s’adresse pas à un public nombreux lorsqu’il parle, il s’adresse à une auditrice, un auditeur à la fois.

3. Un format de créativité et d’innovation. Ce que les nouvelles tendances ont de bons, c’est que l’on peut expérimenter et explorer divers modes de narration (« Test and learn » comme on dit). En podcasts, les thématiques peuvent être variées et les formats multiples : table ronde, interview, reportage, fiction, entretien, directs… avec un minimum de matériel. En un mot : la liberté !

A lire : Le podcast, un format prometteur pour l’investigation.

L’explosion de l’audio remet en question la stratégie marketing et le travail journalistique : qu’est-ce qu’une émission, à qui s’adresse-t-elle, comment raconter en mode sonore ? Une façon de traiter l’information de façon originale, sur des sujets qui, parfois, peuvent ne sembler pas très attractifs pour la presse traditionnelle.

Selon le New-York Times, le son serait l’avenir des médias, avant le texte.

The defining narrative of our online moment concerns the decline of text, and the exploding reach and power of audio and video.

Welcome to the post-text future, New York Times

Tour d’horizon des podcasts en Alsace

Le podcast permet d’inventer une autre façon de raconter et concevoir l’information. Les médias régionaux traditionnels l’ont aussi compris. Ils saisissent le train en marche dans le but de se diversifier.

France Bleu Alsace, bien sûr, avec notamment On cuisine ensemble, mais aussi Top Music, qui propose depuis quelques mois des formats natifs à l’instar de Top Racing ou Un podcast et au lit !  La presse écrite régionale (PQR) a également compris les enjeux de ce format tendance. Le quotidien Les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) raconte l’actualité et présente des parcours de vie en version sonore (cf la série Les Courageux).

Quelques acteurs indépendants et amateurs osent, désireux de faire entendre leur voix. En Alsace, nous avons notamment recensé (liste non-exhaustive) :

  • Invente ton ciel : Marie Sélène est conteuse du ciel. Elle te partage sa folie douce en te racontant des histoires astrales sur le mouvement des planètes dans la roue du zodiaque.
  • Parcours le Podcast : le podcast qui raconte de manière inspirante les parcours professionnels
  • Le RDV des Audacieux : les portraits d’entrepreneurs alsaciens
  • Fin du game : l’émission qui décrypte les jeux vidéo
  • My Positive Factory : le podcast des initiatives positives en Alsace
  • Work Less Play More via Radio RBS : décryptage de l’actualité du jeu vidéo
  • Et puis nous… aussi !

Maintenant, c’est à vous de jouer !

Catégories : Podcasts

Amandine Munier

S'intéresse aux médias sociaux, à l'évolution de l'information à l'heure du numérique pour tenter de comprendre ce qui fait le monde d'aujourd'hui. La pâtisserie, c'est cool aussi.

6 commentaires

Sonia · 26 février 2020 à 15 h 14 min

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame a réalisé, il y a quelques année, avec « Du son pour changer » une série de capsule audio, qui figure sur le site de la Fondation sous la rubrique À L’ÉCOUTE … un ersatz de Podcast en quelque sorte 🙂

    Amandine Munier · 27 février 2020 à 9 h 52 min

    Trop cool ! On va regarder, enfin écouter 🙂

Joe K. (Du son, pour changer) · 27 février 2020 à 23 h 14 min

Merci pour ce premier article !

Comme bonne raison pour se lancer, on peut citer peut-être sa remarquable capacité d’engagement 🙂
Au-delà, il me semble que le tour d’horizon présente surtout du podcast ‘talk’.
Pour ceux qui s’intéressent à des exemples de podcast de création plus immersifs (souvent plus ponctuels, aussi), il y a effectivement la playlist sur le site de la Fondation de l’Oeuvre Notre-Dame de Strasbourg – qui a fait figure de pionnière, comme d’hab !
Et pour ceux qui aiment cet univers et les histoires, en particulier, voici aussi le lien direct vers cette série en 10 épisodes – vous y découvrirez la Cathédrale et ses ateliers, comme si vous vous étiez glissé dans le cartable de l’un de ces élèves de cours moyen : https://soundcloud.com/laoreja-1/sets/schluthfeld-aux-ateliers-de

Bienvenue au podcast de La Click !

Joe K. (Du son, pour changer) · 27 février 2020 à 23 h 25 min

Ah et au passage, dans un autre registre, toujours pour ceux qui s’intéressent aux podcast natifs, sur un mode immersif… fans de FIP – il doit y en avoir parmi vous, attachés à l’antenne strasbourgeoise ou simplement curieux de ce qui se passe derrière le micro, je vous invite à écouter et faire tourner ‘Les voix de FIP’ : https://soundcloud.com/unmicroencoulisses/sets/les-voix-de-fip
(série docu en 3 épisodes, dans les coulisses de FIP Strasbourg)

Priscilla · 9 avril 2020 à 21 h 54 min

Merci beaucoup de m’avoir cité dans votre article.

Je voulais juste préciser que mon podcast s’appelle « Le RDV des audacieux » sur les plateformes de podcast. Mais avant tout c’est un podcast qui dédramatise les échecs avec les entrepreneurs puis il va y avoir de nombreux acteurs qui dédramatisent les échecs, directeur d’association ou d’école de la seconde chance, des thérapeutes etc. Beaucoup de startup aussi etc. Merci beaucoup

    Thibaut · 9 avril 2020 à 22 h 15 min

    Hello Priscilla,
    C’est corrigé. Bravo en tout cas pour ta série de podcasts très réussie 🙂

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