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Derrière ce terme, se cachent des maux bien plus profonds et cette fracture touche beaucoup plus de monde que l’on ne croit habituellement.
Vous n’êtes évidemment pas sans le savoir, la pandémie de COVID-19, et ses confinements successifs, ont largement contribué à l’augmentation du trafic internet, puisque de nombreuses activités ont dû être adaptées à cette nouvelle réalité.
Télétravail, commerce en ligne, démarches administratives dématérialisées, cours à distance, rendez-vous médicaux… ou tout simplement contact avec ses proches. Nous l’avons toutes et tous plus ou moins vécu ; plus ou moins bien…
Et justement, cette crise sanitaire a été un révélateur, aux yeux du grand public, de ce concept de fracture numérique (ou Digital Divide).
L’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) estime que les individus les plus âgés, les moins diplômés, disposant de revenus modestes, seuls ou en couple sans enfant, sont les plus impactées par ce phénomène handicapant.
Mais, si on creuse la question, si on gratte un peu, on se rend vite compte que c’est un peu plus compliqué que cela…
Quelques chiffres pour se donner une idée :
- 7% des français n’ont ni smartphone ni connexion internet.
- 23% des français sont réfractaires à l’usage d’un smartphone.
- 40% des français sont inquiets à l’idée de réaliser des démarches en ligne.
D’ailleurs, près d’un tiers des 60 ans et plus a déjà renoncé à effectuer une démarche en ligne et 30% des 15-29 ans se déclarent peu ou pas compétents en matière d’administration numérique. - 65% des agents territoriaux estiment ne pas avoir un degré de maîtrise suffisant pour être autonome dans leurs usages numériques quelles que soient leurs missions.
- 63% des chefs d’entreprise (toutes tailles confondues) ne pensent pas disposer de suffisamment de compétences pour suivre le rythme d’un projet numérique.
Conclusion : comme le rappelle un rapport de la Défenseure des droits paru début mars de cette année, 13 millions de français sont aujourd’hui en difficulté avec le numérique !
Alors, comment expliquer cette fracture ?
D’abord, pour des raisons techniques avec une répartition inégale des infrastructures de télécommunication : nous ne sommes effectivement pas égaux en matière d’accès aux réseaux (fibre, WiFi, 5G…).
Ensuite, pour des évidentes raisons économiques : nous n’avons pas tous les mêmes moyens pour pouvoir nous équiper en ordinateurs et smartphones (et financer l’accès internet derrière…).
Enfin et surtout, pour des raisons de formation ; d’autant que nous n’apprenons pas tous de la même façon, d’autant que nous n’avons pas tous les mêmes intérêts pour ces technologies, ni les mêmes usages, ni les mêmes pratiques.
- D’abord, pour des raisons techniques avec une répartition inégale des infrastructures de télécommunication : nous ne sommes effectivement pas égaux en matière d’accès aux réseaux (fibre, WiFi, 5G…).
- Ensuite, pour des évidentes raisons économiques : nous n’avons pas tous les mêmes moyens pour pouvoir nous équiper en ordinateurs et smartphones (et financer l’accès internet derrière…).
- Enfin et surtout, pour des raisons de formation ; d’autant que nous n’apprenons pas tous de la même façon, d’autant que nous n’avons pas tous les mêmes intérêts pour ces technologies, ni les mêmes usages, ni les mêmes pratiques.
C’est d’ailleurs cela que l’on qualifie d’illectronisme : ce manque de capacité à utiliser les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans la vie courante.
Donc, en vérité, il n’y pas UNE fracture numérique mais DES fractures numériques ; plus ou moins fortes et impactantes au cas par cas.
Et personne n’est à l’abri !
En effet, vous pouvez très bien être équipé, connecté et à l’aise avec ces technologies aujourd’hui et être dépassé le lendemain du fait de leur constante et rapide évolution…
Là est le principal problème : pendant trop longtemps, on a cru que le progrès technologique était synonyme d’un accès sine a none aux savoirs.
Vous avez peut-être en tête cette vieille image d’Épinal, cette gravure d’un professeur qui met des livres dans une machine et dont le contenu se déverse directement dans la tête de ses élèves ?
Et bien ça ne marche pas comme ça… Cela nécessite forcément de l’envie, du temps, de l’énergie… avant d’atteindre une certaine autonomie en adéquation avec ses besoins.
Pour ce faire, mais encore faut-il le savoir, il existe heureusement des services de proximité, des guides et des plateformes (comme Les Bons Clics ou Pix) proposés par des associations (telles qu’Emmaüs Connect), des organismes ou des collectivités et ce, très souvent, sans avoir besoin de mobiliser son Compte Personnel de Formation (CPF).
Par exemple, une assistance numérique est offerte gratuitement par la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg au sein notamment des mairies de quartier ou des centres socio-culturels. Ce sont des permanences, il n’y a même pas besoin de prendre rendez-vous.
Cet accompagnement peut concerner différentes thématiques, allant de l’aide à la réalisation des démarches administratives en ligne à la prise en main d’outils informatiques (création d’une boîte mail, utilisation d’un traitement de texte…).
Cette aide de premier niveau, souvent soutenue par des acteurs privés dont les opérateurs téléphoniques, est précieuse et participe activement à un écosystème d’inclusion numérique.
Parce qu’il s’agit là d’un véritable enjeu de société !
Et ce, pour au moins 3 raisons :
- La première est un peu cynique : 13 millions de français éloignés du numérique, ce sont 13 millions de potentiels clients que vous ne pouvez pas atteindre par ce canal, dans lequel beaucoup investissent…
- La seconde concerne l’employabilité : l’utilisation du digital n’est pas toujours nécessaire selon le poste, certes, néanmoins elle est devenue un prérequis indispensable dans les démarches pour chercher et trouver du travail ou pour se reconvertir.
- La troisième est bien plus noble : derrière ces fractures numériques, il y a aussi une fracture sociale. Être ou ne pas être dans une société numérique… Il n’est évidemment pas question de forcer les gens à y rentrer, mais de les y aider s’ils le souhaitent en leur donnant les moyens matériels et les connaissances adéquates.
Résorber les fractures numériques doit donc devenir une priorité pour toutes et tous si on ne veut pas voir les fragilités sociales et professionnelles s’aggraver un peu plus, et si au contraire on souhaite pouvoir donner les mêmes chances à chacun-e.
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